INFORMATION AUX AGENTS
Objet : retrait de la délibération n°37 du 10 avril 2019 portant création de 565 postes d’adjoints territoriaux à temps partiel
Chers agents, Consciente de l’enjeu que représente l’avancée de la carrière pour chacun d’entre vous, j’ai fait le choix, dès le début de ma campagne électorale, d’avoir un discours franc et réaliste sur la manière dont je souhaitais faire évoluer notre administration communale et son personnel.
Élue maire, j’ai lancé comme annoncé deux audits (finances et RH) qui ont pour vocation de faire la lumière non seulement sur nos besoins de réorganisation interne pour rendre un service public plus efficace, mais aussi sur nos capacités budgétaires à proposer un plan de résorption de la précarité et de montée en compétences du personnel communal.
C’est dans cet esprit que je vous écris aujourd’hui pour vous expliciter la position qui est la mienne sur la délibération n°37 du 10 avril 2019 prise par l’ancienne majorité.
Cette délibération prévoyait en fait un plan de titularisation au rabais, créant à nouveau une fonction publique à deux vitesses dont beaucoup d’agents souffrent déjà (les 50% et 80% mis en place par la majorité d’avant 2014). Ce plan avait par ailleurs pour inconvénient majeur de mettre sur un même plan des situations profondément différentes : les CDI avec 10, 20 voire 30 ans d’ancienneté et les CDD d’un an.
En outre, contrairement aux mensonges électoralistes de l’équipe sortante, ce plan a été conçu en faisant fi de la situation budgétaire de la commune et du bon sens pourtant indispensable pour stopper enfin la spirale infernale d’un taux d’imposition qui pèse de manière excessive sur chacun des contribuables sans pour autant offrir en retour un niveau de services et d’équipements satisfaisants.
Pour toutes ces raisons, vous comprendrez aisément que mon équipe et moi-même ne pouvons que nous opposer à cette trajectoire dangereuse rejetée par la population dans les urnes.
Aussi, bien que la Cour d’Appel de Bordeaux ait annulé la suspension de la délibération créant 565 postes d’adjoints territoriaux à temps partiel (91 postes d’adjoints administratifs et 474 postes d’adjoints techniques), suspension initialement ordonnée par le juge des référés saisi par le Préfet de La Réunion, bien que cette décision de Bordeaux ne soit pas définitive et ne porte pas sur le fond de la légalité de la délibération litigieuse, nous avons fait le choix de nous affranchir de ce projet pensé par d’autres dont nous ne partageons pas la vision et au demeurant financièrement insoutenable et administrativement porteur d’incohérences et de désorganisation des services.
Pour toutes ces raisons, je proposerai au conseil municipal de retirer cette délibération.
Cette information sera partagée en amont avec les syndicats représentants du personnel que je réunirai pour un comité technique début décembre. Puis le dernier conseil municipal de mi-décembre 2020 sera amené à procéder au retrait de ce plan.
Entre la mise en faillite programmée de la ville et le redressement de la ville, je vous demande, chers agents, de choisir avec nous la voie du redressement qui seule permettra de bâtir un vrai plan de titularisation qui améliorera progressivement la situation des agents, sans pour autant casser définitivement l’outil de travail qu’est la collectivité communale.
Conformément à ma volonté d’être une maire juste et égalitaire, ce plan sera co-construit dès les résultats de nos audits connus, dans des ateliers dédiés qui associeront élus, administratifs et syndicats dans un esprit de dialogue social ouvert et respectueux.
De la même manière, sachez que nous réunirons très prochainement les représentants du personnel pour que nous puissions aborder ensemble la question des grandes lignes directrices de gestion issue de la loi de transformation de la fonction publique. Il s’agit d’anticiper ensemble les évolutions attendues au 1er janvier 2020 et de nous saisir de cette opportunité de poser des critères partagés sur des sujets tels que les promotions au choix dans les grades et cadres d’emplois, la formation, l’évaluation annuelle des agents, les mesures favorisant l’accès des agents à des responsabilités supérieures, ou encore l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes.
Ce sont autant de sujets majeurs qui permettront à notre ville de se reconstruire sur la base d’une gestion dépolitisée de l’administration communale et faisait la part belle aux valeurs « travail » et « mérite ».
Le changement est considérable au regard des mauvaises habitudes ancrées par mes prédécesseurs dans la collectivité, mais je ne doute pas de notre capacité collective à rebondir pour faire évoluer la commune de manière épanouissante pour les agents et satisfaisante pour les habitants.
Comptant sur votre collaboration, je vous prie d’agréer, chers agents, l’expression de ma bienveillante considération.
Juliana M’DOIHOMA
Maire de Saint-Louis
Présidente du CCAS et de la Caisse des Ecoles